Affirmation

Au Bénin, selon un message audio devenu viral sur WhatsApp avec photo à l’appui, le vaccin anti-Covid-19 a causé des trous sur la paume des enfants qui en ont été inoculés.

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Verdict
Faux
Faux ! Au moment de la diffusion de ce message, en avril 2020, aucun des vaccins actuels contre la Covid-19 sur le marché n’était encore prêt. L’image qui accompagne le message est une œuvre d’art plastique et non la main d’un enfant au Bénin, pays où les enfants ne sont pas concernés par le vaccin anti-covid-19.


Conçue sur la technique des effets spéciaux pour illustrer la sensation des personnes souffrant de la trypophobie, une main criblée et ensanglantée a été présentée sur WhatsApp comme effet secondaire du vaccin anti-covid au Bénin. L’auteur du message appelle à ne pas se faire vacciner. Cette image est-elle vraiment du Bénin ? La supposée réaction cutanée au vaccin est-elle réelle ? Fasocheck a vérifié.

Une image plus vieille que 2019

L’outil Google Reverse Image établit l’origine de la photo au 1er septembre 2017. La main sur la photo est une œuvre de Bridgette Trevino, une artiste plasticienne américaine, spécialisée dans les maquillages et effets spéciaux de cinéma.

Contactée par Fasocheck par mail, l’artiste a indiqué qu’ « il s’agit d’un effet réalisé à l’aide de cire de nez et de cicatrice de la marque Ben Nye et de faux sang. Tout le maquillage n’est pas réel. J’avais créé cet effet inspiré de la trypophobie, de la peur des trous ou des petites grappes » a-t-elle précisé à Fasocheck.

La trypophobie, encore très peu diagnostiquée, est une réaction émotionnelle inconfortable causée par la vue de surface parsemée de trous.

Déjà en 2017, Bridgette Trevino avait publié l’image sur sa page Facebook, suscitant la polémique sur la toile. A l’époque, l’image avait choqué les personnes souffrant de la trypophobie. Les indignations avaient poussé l’artiste à préciser dans un autre post et dans une vidéo (ci-dessous), qu’il s’agissait d’un effet spécial et non d’une main malade.

La recherche inversée permet aussi de remonter l’origine du message WhatsApp. Il date d’avril 2020. Quant à la photo, depuis 2017, elle a été plusieurs fois utilisée pour illustrer des faits non avérés. Le plus récent présente la même main comme celle d’une supposée victime du Hanta virus, un virus présent dans les sécrétions de certains rongeurs.

Pas de réaction post vaccinale pareille répertoriée à ce jour

Le message audio indique que les creux présentés sur la main seraient une réaction à un vaccin anti covid19. Fasocheck a soumis l’image au Dr Patrice Tapsoba, dermatologue et allergologue au centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou. Il est formel : « il n’y a pas de pathologie, encore moins une réaction allergique en lien avec l’image présentée, sauf si l’individu souffre de pathomimie, un trouble mental qui pousse l’individu à se faire soit même des lésions cutanées ».

A l’étape actuelle de la pharmaco vigilance sur les vaccins anti covid-19 en cours de déploiement dans le monde, une telle réaction n’a pas encore été répertoriée. Les réactions les plus fréquentes selon l’OMS sont :

– une douleur locale ;

– la fatigue ;

– des maux de tête ;

– des douleurs musculaires ou articulaires ;

– un syndrome pseudo-grippal (frissons, fièvre…).

En conclusion, le message audio selon lequel un vaccin contre la Covid-19 aurait occasionné des trous sur les paumes des enfants qui l’ont reçu est faux. Au moment de la diffusion de ce message, en avril 2020, aucun des vaccins contre la Covid-19 actuellement sur le marché n’était encore prêt.

Le Bénin, pays cité dans le message WhatsApp d’avril 2020, n’a reçu que 144 000 doses de vaccins AstraZeneca (sur 792 000 doses prévues au total), le 11 mars 2021, soit près de 11 mois après la première diffusion du message WhatsApp.

L’image qui accompagne le message est aussi fausse. Il s’agit d’une œuvre d’art plastique et non la main d’un enfant béninois. D’ailleurs les enfants ne font pas partie des cibles prioritaires à la vaccination anti-covid-19 dans le pays. Les vaccins contre la Covid-19 seront d’abord administrés aux personnels de santé, puis aux personnes de plus de 60 ans, vivant avec des facteurs de comorbidité.

Lire aussi notre article sur : Fabricants, principes et distribution des vaccins anti Covid19 en Afrique

Checkeur

Ange L. Jordan Méda

Fasocheck