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Selon certaines idées reçues, le vaccin contre le paludisme serait fabriqué par Bill Gates sans le concours des scientifiques africains et distribué essentiellement en Afrique dans le but de stériliser les populations africaines.

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Faux
Faux. Le vaccin RTS,S n'a pas pour but de stériliser les enfants. Il n'a pas été fabriqué par Bill Gates, et les scientifiques africains ont participé à son développement.


L’arrivée du vaccin antipaludique RTS,S dans plusieurs pays africains draine son lot de fausses informations et d’idées reçues. Fasocheck apporte des réponses factuelles à certaines d’entre elles. 

 

Pourquoi et comment Bill Gates a financé la production du vaccin contre le paludisme ? 

Selon certaines idées reçues, Bill Gates, le milliardaire et propriétaire de la firme américaine Microsoft, serait l’instigateur de la recherche et de la production du vaccin RTS,S et de tous les autres candidats vaccins antipaludiques. Ces narratifs affirment aussi que son objectif à travers le vaccin serait de stériliser les populations africaines à qui le vaccin est destiné.

Le Dr Hermann Sorgho, parasitologue à l’Institut de recherche en sciences de la santé au Burkina-Faso (IRSS) a expliqué à Fasocheck que la fondation Bill & Melinda Gates a contribué au financement dans la recherche et la production du vaccin RTS,S à partir de la troisième phase des essais cliniques sur le  développement du vaccin RTS,S. « Après les essais de la phase II (dans les années 1990), il n’y avait plus de financement, car la firme pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) , qui a inventé la molécule du RTS,S, avait arrêté son investissement, jugeant que le marché n’était pas porteur. Et c’est là que la fondation Bill & Melinda Gates a décidé de financer la recherche du vaccin», a-t-il rappelé.

C’est en 2001 que la fondation Bill & Melinda Gates a annoncé une aide de 258 millions de dollars américains aux firmes pharmaceutiques pour le développement d’un vaccin contre le paludisme. Ces firmes sont GSK, la Malaria Vaccine Initiative du PATH, Gavi, et MedAccess. En 2008, un autre financement de 168 millions de dollars a été débloqué par la fondation Bill & Melinda Gates pour le développement du candidat vaccin RTS,S dont les essais cliniques de phase III devaient s’effectuer dans sept pays d’Afrique subsaharienne que sont le Burkina Faso, le Gabon, le Ghana, le Malawi, le Mali, le Kenya et la Tanzanie.

Lire notre article sur l’historique du vaccin RTS,S

Pourquoi le RTS,S est-il essentiellement distribué aux enfants d’Afrique subsaharienne ? 

Selon les dernières estimations de 2022 de l’Organisation mondiale de la santé, le continent africain concentre 94 % des cas de paludisme (233 millions) et 95 % des décès dus à la maladie (580 000) dans le monde. Les enfants de moins de cinq ans sont les plus vulnérables avec 80% des cas de décès enregistrés.

Le choix de l’Afrique s’explique également par le fait que le vaccin RTS,S agit contre le Plasmodium falciparum, parasite responsable des formes de paludisme les plus meurtrières et fréquentes en Afrique subsaharienne. Au Burkina Faso, a d’ailleurs précisé le Dr Hermann Sorgho, la quasi-totalité des cas de paludisme est causée par le Plasmodium falciparum.

Non, le RTS,S n’a pas pour but de stériliser les africains

Le RTS,S a suivi toutes les étapes et normes de fabrication d’un vaccin permettant son homologation par l’OMS.

Dans une fiche d’information publiée en 2021, l’OMS a indiqué que le développement du vaccin RTS,S a été soumis, en juillet 2015, à une évaluation scientifique de l’Agence européenne des médicaments qui a donné un avis favorable pour l’administration du vaccin dans les zones les plus touchées par le paludisme.

Toujours selon l’OMS, en mai 2018, les experts africains réunis au  Forum africain pour la réglementation des vaccins (AVAREF), une initiative de l’OMS axée sur l’évaluation des essais cliniques en Afrique ainsi que les autorités nationales de réglementation du Ghana, du Kenya et du Malawi ont, à leur tour, autorisé l’utilisation du vaccin RTS,S dans les zones pilotes. 

Les effets secondaires du vaccin RTS,S signalés par l’OMS lors des phases d’essais cliniques que sont la fièvre, des douleurs ou tuméfaction au point d’injection, correspondent aux « réactions inflammatoires de tout organisme suite à l’introduction d’un corps étranger », a rassuré le Dr Sorgho.

Non, les scientifiques africains n’ont pas été mis à l’écart dans la mise au point du vaccin RTS,S

A l’exception de la phase 1 du développement du vaccin candidat ayant débuté aux États-Unis depuis 1967, les scientifiques africains ont participé, dès 2009, à la phase 3 de son développement.  Et « c’est à cette étape que l’Unité de recherches cliniques de Nanoro (située dans la région du Centre-Ouest du Burkina) a participé au développement en tests sur 1281 enfants à Nanoro et 16 000 enfants à travers l’Afrique. Après les résultats de ces tests qui ont montré que le RTS,S était efficace à 56%, la communauté scientifique a appelé l’OMS à autoriser la phase pilote qui s’est déroulée en 2019 au Ghana, au Kenya et au Malawi », a détaillé le Dr Hermann Sorgho.

 

Tiomité Da

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Ange Lévi Jordan Méda 

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