Dans les groupes WhatsApp, un message accompagné d'une image prétend que le paracétamol P500 est contaminé par le virus de Machupo
Sur internet, les fausses informations recyclées concernant la santé font aussi mal que les maladies. L’une d’elle prétend faussement que le Paracétamol «P500» contiendrait le virus Machupo.
Dans des groupes WhatsApp au Burkina Faso, un ancien message alerte le public sur la prétendue dangerosité du paracétamol P500, un produit pharmaceutique analgésique qui contiendrait le virus Machupo. Ce message est accompagné d’une photo de tablette de comprimés de ce paracétamol sur laquelle sont imprimés les délais d’expiration et le nom du fabricant. Fasocheck a vérifié, l’alerte est fausse.
Pas de virus Machupo dans le paracétamol
« Il n’y a pas de virus Machupo dans le paracétamol P500 », a déclaré à Fasocheck le Dr Simone Tiendrebeogo qui est pharmacienne. « Le virus de Machupo lui-même », a -telle précisé, « n’est pas viable dans des milieux secs ».
Fasocheck n’a aussi trouvé nulle part sur internet des alertes provenant d’autorités sanitaires sur une quelconque contamination du paracétamol P500 au virus Machupo.
Dans des mises au point publiées en 2017, l’Autorité des sciences de la santé de Singapour en Inde et le ministère malaisien de la Santé avaient déjà déclaré que l’alerte était erronée et qu’il n’y avait « aucun rapport d’infection par le virus Machupo ».
Un canular qui a la peau dure
Cette fausse information circule sur les réseaux sociaux depuis au moins 2017. Elle a touché plusieurs pays tels que l’Inde, la Thaïlande, la Malaisie, le Myanmar, le Madagascar, le Niger, la France, les Etats Unis et le Nigéria.
Plusieurs articles de fact-checking comme celui d’Africa check et d’autres médias (1;2;3;4) sur le même sujet ont révélé que cette alerte était un canular.
Le virus « ne pourrait pas survivre » dans un comprimé, avait déjà indiqué Anderson Brito, chercheur en biologie computationnelle à l’Imperial College de Londres, à l’ AFP Factuel, qui avait fact-checké sur le même sujet en 2020.
Issus de la famille des arénavirus, les virus de Machupo « ne se reproduisent que dans des environnements humides » avait-il expliqué à l’époque. Et pour le reproduire en laboratoire, « il faudrait infecter des substances liquides ou trouver un moyen de l’hydrater, car les comprimés [de paracétamol] sont secs » a conclu le chercheur.
Le paracétamol P 500 est-il distribué au Burkina Faso ?
Le paracétamol P 500 n’est pas commercialisé au Burkina Faso. Celui présent dans les pharmacies du Burkina Faso est le « paracétamol 500 mg » a confié à Fasocheck le Dr Simone Tiendrebéogo, pharmacienne.
Fasocheck a contacté la direction générale de la pharmacie, du médicament et des laboratoires, l’Agence nationale de régulation des produits pharmaceutique et la Centrale d’Achat des médicaments essentiels, génériques et des consommables médicaux (CAMEG), mais n’a obtenu aucune réponse.
C’est quoi le virus Machupo ?
Le Machupo connu sous le nom de « virus hémorragique bolivien » ou « typhus noir » a été découvert en 1959 au nord et à l’est de la Bolivie, en Amérique du Sud. Selon l’Agence de la santé publique du Canada, la principale voie de transmission du virus est l’inhalation d’aérosols provenant des excréments ou des sécrétions de rongeurs infectés. La transmission nosocomiale, c’est-à-dire la transmission du virus entre patients dans un établissement de santé, a également été observée.
Le diagnostic du Machupo est difficile, car ses symptômes sont similaires à ceux d’autres fièvres hémorragiques causées par les arénavirus, comme la fièvre de Junin ainsi qu’à ceux d’autres maladies comme la dengue, le paludisme et la fièvre jaune.
Conclusion
Le paracétamol P 500 ne contient pas le virus Machupo. Ce virus ne peut pas survivre dans un milieu sec, ont déclaré des professionnels de la santé. Il n’y a pas d’évidence que le « Paracétamol P500 » est distribué au Burkina Faso.
Fact-checkeuse
Rabitatou Congo
Editeur
Ange L. Jordan Méda
