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Le 3 mai 2024, une vidéo très virale sur X (anciennement Twitter) publiée par Dr. Jean Baptiste Zongo, fait polémique. On y voit un homme d’origine asiatique infliger des sévices corporels à deux autres individus de peau noire. La légende qui accompagne la vidéo affirme : “Cette scène surréaliste digne de la période de l’esclavage se passe en Afrique, précisément au Burkina Faso. Deux burkinabè battus par leur patron, il s’agit d’un chinois exploitant minier. Ce genre de scène est fréquent dans ces pays dont l’exploitation de l’or est la chasse gardée des entreprises chinoises et russes”. L’internaute Dr. Jean Baptiste Zongo se décrit sur son compte X comme pro démocrate et “anti juntes”. La scène a-t-elle vraiment eu lieu au Burkina Faso ? Pour vous, Fasocheck a vérifié.

Origine de la vidéo inconnue 

Grâce à la recherche inversée d’image effectuée à partir de captures d’écran de la vidéo, Fasocheck a retrouvé la même vidéo postée le 02 mai 2024 à 10 h 27 sur le compte X de Bin Xie_ _The Great Translation Movement, cumulant 13,3 millions de vues. Elle a été partagée le même jour par plusieurs comptes X dont celui de Dom Lucre, récoltant 18,6 millions de vues. Dom Lucre qui se présente comme journaliste vivant aux États-Unis, publie des contenus controversés et parfois erronés sur l’actualité américaine et dans le monde.

Bin Xie_ _The Great Translation Movement, avatar anti Parti Communiste Chinois (PPC : le parti politique unique chinois) a commenté la vidéo comme suit : “(Scène violente, la discrétion du spectateur est recommandée) Des entreprises chinoises ont investi dans certains pays africains, c’est ainsi qu’un patron chinois traitait ses employés africains comme des esclaves. Les travailleurs ne devraient JAMAIS être traités de la sorte, peu importe ce qu’ils ont fait”.

Capture d’écran du post de Bin Xie

Les réponses aux interrogations des internautes sur l’origine de la vidéo et la localisation géographique de la scène sont multiples et imprécises. Si certains clament qu’elle a été tournée au Kenya, d’autres la situent plutôt, et sans preuves, en République Démocratique du Congo, au Nigéria et Centrafrique.

La vidéo a été commentée par plusieurs sites web et média en ligne (1,2,3,4,5,6,7) sans mentionner les circonstances exactes de la scène. 

Bin Xie attribue la vidéo à un groupe télégramme nommé Sino Search Telegram Channel rassemblant 2552 membres, eux aussi anti PCC, et qui promeut des contenus racistes et haineux. Fasocheck a remonté le fil des discussions concernant cette vidéo dans ce groupe. Constat : Sino Search Telegram Channel n’en est pas l’origine, car la vidéo y a été postée le 4 mai 2024, 48h après avoir été publiée sur X (Twitter). L’examen des échanges dans ce canal Telegram n’a pas permis de situer l’origine de la scène, mais les discussions analysées suggèrent que la vidéo provient d’un groupe privé sur QQ national, une plateforme de messagerie instantanée chinoise. Fasocheck n’a donc pas pu remonter la trace jusqu’à ce groupe.   

 

Les recherches avancées avec les mots clés “chinois battant des africains” et “altercation entre chinois et africains” sur les moteurs de recherche chinois Baidou et Haosou n’ont fourni aucun résultat probant.

Le patronat chinois de plus en plus critiqué en Afrique

Si l’origine de cette vidéo n’a pas pu être retrouvée, le fait que des asiatiques soient impliqués dans des cas de sévices de corporels envers des africains n’est pas nouveau. 

Lire aussi : Faux. Ces véhicules n’ont pas été détruits par des Français en représailles à la décision du gouvernement burkinabè de nationaliser les ressources minières du pays

Selon un rapport de Business & Human Rights Resource Center, 679 allégations de violation des droits de l’homme, dont 181 en Afrique, ont été enregistrées entre 2013 et 2020 contre des entreprises chinoises.

En 2022, un entrepreneur chinois a été condamné par la justice Rwandaise à 20 ans de prison après qu’il a molesté deux de ses employés.

Au Burkina Faso, les principales sociétés industrielles aurifères sont juridiquement canadiennes, russes ou australiennes. En mai 2024, l’association des carriers du Burkina  (ACAB) a manifesté contre certaines entreprises chinoises évoluant dans le secteur des carrières. L’ACAB accuse ces entreprises entre autres de mauvais traitements des salariés et de concurrence déloyale.

Conclusion 

Cette vidéo n’est pas celle de sévices corporels infligés à des burkinabè par un chinois. L’origine et le contexte originels de la vidéo n’ont pas pu être remontés avec exactitude.

 

Ange Lévi Jordan Méda

X (twitter) : @medalevi

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