Les scenarii des films "Terminator et Matrix appartiennent" à Sophia Stewart une afro-américaine qui a été dédommagée à hauteur de 1 milliard de dollars. Dr King House.
Une publication virale sur internet fait croire à tort que les films “Terminator” et “Matrix” appartiennent à Sophie Stewart, une Afro-Américaine qui s’est faite volée ses droits d’auteur par l’industrie du cinéma américain qui a essayé d’étouffer l’affaire.
Dans une publication sur sa page Facebook le 18 août 2022, Dr King House , coach en entreprenariat relayait un récit vieux de 17 ans selon lequel les scenarii des films « Terminator et Matrix appartiennent » à Sophia Stewart une afro-américaine. Selon ce récit, l’industrie cinématographique aurait, à travers ces films, plagié le roman « The third eye » que Sophie Stewart a écrit à la fin des années 1980. La légende raconte aussi qu’en 2006, après avoir été déboutée par la justice, Sophia Stewart a tout de même été « dédommagée à hauteur de 1 milliard de dollars soit plus de 500 milliards de Fcfa » et a obtenu le titre du « Billion dollars trial ». A la date du 21 août 2022 à 00h 36mn cette publication a suscitée345 commentaires, 6300 likes et plus de 2400 partages.
Les films « Matrix » et « Terminator » appartiennent-ils vraiment Sophie Stewart ?
Une recherche avancée sur Google avec les mots clés « Sophia Stewart justice decision » renseigne sur tout l’histoire. L’affaire avait déjà été vérifiée par des organisation de fact-checking comme The Politifact au Etats Unis d’Amérique et AFP Factuel en France.
En 1999 Sophia Stewart, afro américaine et scénariste de profession, a déclaré avoir déposé une plainte pour violation de droit d’auteur auprès du FBI après la sortie du film « The Matrix ». En 2003, elle déposera une autre plainte contre une série de personnes et d’entreprises dont James Cameron le réalisateur de The Terminator, les réalisateurs Andy et Larry Wachowski, les producteurs Gale Anne Hurd et Joel Silver, Twentieth Century Fox et Warner Bros pour le même motif.
La plaignante a expliqué à la cour que « The Matrix » et « The Terminator » sont tirés de « The Third Eye », un de ses scenarii de sciences fiction de six pages, écrit en mai 1981 et dont elle a obtenu les droits d’auteur le 2 février 1983. Elle a ajouté avoir réédité l’œuvre en un manuscrit de 45 pages et enregistré les droits d’auteurs le 6 février 1984.
Sophia Stewart ajoute qu’en 1986 elle aurait postulé avec « The Third Eye » à une annonce des frères Wachowski, tous deux réalisateurs, qui à l’époque sollicitaient des manuscrits de science-fiction à transformer en bandes dessinées. Sans suite, jusqu’à la sortie du film « The Matrix » le 31 mars 1999, premier de la saga.
Sauf que durant tout son procès jusqu’en 2006, Sophia Stewart n’a pas pu fournir de preuves tangibles de ses déclarations notamment en ce qui concerne l’annonce des frères Wachowski. Le tribunal de Los Angeles invalidera aussi sa requête parce qu’aucune ressemblance incontestable entre ses œuvres et les films incriminés n’était établie. La plaignante n’obtiendra pas non plus de prime de dédommagement dans cette affaire et n’a jamais eu le titre du “Billion Dollars Trial” comme le proclament les articles sur internet.
Après une autre tentative en justice en 2014, cette fois contre ses avocats qu’elle a accusés de faute professionnelle, Sophia Stewart obtiendra un dédommagement de 316 280 dollars pour remboursement de ses frais d’avocat.
Aux origines de cette fake, une faute journalistique
D’où vient alors que Sophia Stewart a gagné son procès et qu’elle a été dédommagée ? Tout est parti d’un article de presse publié en octobre 2004 par « Globe du Salt Lake Community College » et écrit par une étudiante alors en deuxième année de communication.
A l’époque Sophia Stewart tentait de rallier l’opinion publique à sa cause et avait réussi à faire juger son affaire par une cour de justice malgré une motion de renvoi anticipée introduite par la partie adverse. C’est cette victoire d’étape dans la procédure qui a été interprétée par l’étudiante comme une victoire de la plaignante. L’article affirmait aussi que l’industrie du cinéma avait étouffé l’affaire, la rendant invisible dans les médias.
Dès lors et malgré la rectification ultérieure de l’article par l’auteur, de nombreux sites web l’avaient déjà partagé.
Fasocheck a contacté Boukary Sawadogo, professeur associé d’études cinématographiques à l’Université de New York pour comprendre pourquoi cette thèse du complot contre Sophia Stewart persiste. « Mme Stewart a continué à rallier des soutiens à sa cause par le biais des médias, car les Afro-Américains ont toujours souffert d’injustices et d’exploitation systémique. Aujourd’hui, grâce à l’internet et aux médias sociaux, l’affaire retient davantage l’attention », a expliqué le Pr Boukary Sawadogo.
Conclusion
Sophia Stewart a bel et bien intenté un procès contre les réalisateurs des films Matrix et Terminator pour violation de ses droits d’auteur. Elle a toutefois perdu ce procès par manque de preuves irréfutables.
Elle obtiendra néanmoins auprès de la justice un dédommagement après avoir accusé ses avocats de faute professionnelle lors de son procès.
Ce dédommagement de 316 280 dollars n’est en rien celui escompté pour les droits d’auteur qu’elle a réclamés.
Fact-checkeur
Adnan Sidibé
Editeur
Ange Lévi Jordan Méda