Une publication sur Facebook, image à l'appui, prétend qu'il s'agit d'une "expérimentation de la culture de pommes au Burkina Faso".
Une publication virale sur les réseaux sociaux prétend faussement qu’une expérimentation de culture de pommes au Burkina Faso.
Capture d’écran de la publication vérifiée. Montage : Fasocheck
Dans une publication datant du 8 mars 2024, la page Facebook J’aime le Burkina Faso qui a 22 mille abonnés, présente une femme tenant des pommes dans un verger, avec des caisses remplies de pommes autour d’elle. Le texte qui accompagne l’image affirme qu’il s’agit d’une « expérimentation de la culture de pommes au Burkina Faso ». A la date du 18 mars 2024, le post a récolté plus de 900 likes, 43 commentaires et 130 partages. Cette image provient-elle vraiment du Burkina Faso ? Y a-t-il une expérimentation de pommes en cours au Burkina Faso ? Fasocheck a vérifié.
Des pommes d’une ferme au Kenya
Une recherche avancée sur Google Lens à partir de la photo de la publication a permis à Fasocheck de retrouver une première publication de l’image faite le 6 mars 2024 par Catherine Wambugu, productrice et promotrice de pommes au Kenya. Dans un entretien avec Business Hour KE, elle a déclaré cultiver une variété de pommes baptisée « pomme Wambugu » en hommage à son père, dans sa ferme Wambugu Apples au Kenya située dans le comté de Laikipia.
Première publication de l’image retrouvée sur Facebook
Peut-on cultiver du pommier au Burkina ?
Le pommier est un arbre fruitier appartenant à la famille des Rosacées, comportant de nombreuses variétés et dont le fruit est la pomme. Les Rosacées comptent plus de 4800 espèces reconnues pour leur diversité fruitière, médicinale et ornementale.
M. Tahibou Paré, pédologue à la retraite, a expliqué à Fasocheck que le pommier, arbre des climats tempérés, a besoin de conditions spécifiques pour fructifier. Il requiert une température comprise entre 0°C et 32°C pendant au moins cinq mois par an, et le manque de froid hivernal constitue un obstacle majeur à sa production dans les régions tropicales.
Les pommiers, « lorsqu’ils sont cultivés dans des climats tropicaux, ont tendance à avoir des rendements relativement faibles en raison non seulement du climat, mais aussi des pluies fréquentes qui perturbent souvent la phase cruciale de la pollinisation”, a déclaré Docteur Adama Traoré, agropédologue au Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST).
Selon les explications de l’agropédologue, les sols fertiles, sableux ou argileux favorisent les meilleures récoltes avec un pH proche de 6,5, pour peu qu’ils soient bien drainés et libres de toute eau stagnante. Le pH, ou potentiel hydrogène, est une mesure de l’activité chimique des ions hydrogène (H+) dans une solution qui est utilisée pour déterminer si une solution est acide, basique ou neutre. Il varie généralement de 0 à 14.
Selon lui, bien que la nature et la composition des sols du Burkina Faso en leur état naturel ne favorisent pas un bon développement des pommiers, il est possible de créer des conditions pédologiques propices à leur production. Cependant, les conditions climatiques ne sont pas optimales pour espérer de bons rendements.
Dr Adama Traoré a confié à Fasocheck que « de nos jours, aucune expérimentation officiellement connue est en cours à l’Institut de l’environnement et des recherches agricoles (INERA), structure nationale de recherche agronomique au Burkina Faso ».
Cependant, il a déclaré que l’INERA a réalisé depuis 2001 des greffes sur la variété locale de Zizyphus mauritiana (jubjubier) avec des cultivars indiens. Le résultat de ces travaux a donné d’autres espèces de jujubier aux fruits plus gros et à la pulpe plus charnue (l’épaisseur de la pulpe est 10 fois supérieure à celle du fruit local) appelé « pomme du Sahel ».
Conclusion
En conclusion, l’image montrant une femme avec des pommes dans un champ expérimental de culture de pommes au Burkina Faso est fausse. En réalité, l’image provient de la ferme Wambugu Apples au Kenya. Il n’y a actuellement aucune expérimentation de culture de pommes en cours au Burkina Faso.
Dô DAO
X (Twitter) : @DaondorolaDo
Cet article a été produit en collaboration avec BenbereVérif dans le cadre de SahelCheck.
