« Le premier contingent du Burkina Faso, du Mali et la Guinée est arrivé à Niamey dans le cadre d'une opération militaire spéciale contre les militaires de la Cedeao et leurs alliés occidentaux ». Kpoclé.com sur Facebook
Alors que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest menaçait la junte nigérienne d’intervenir militairement en cas de non retour à l’ordre constitutionnel, de vieilles images de soldats refont surface pour faire croire que des soldats burkinabè, guinéens et maliens sont arrivés à Niamey pour combattre l’organisation.
Dans une publication du 08 août 2023, la page Facebook people Kpoklé.com a affirmé, photos à l’appuie, que « le premier contingent du Burkina Faso, du Mali et la Guinée est arrivé à Niamey dans le cadre d’une opération militaire spéciale contre les militaires de la Cedeao et leurs alliés occidentaux ». Le post qui a récolté 2864 likes, 136 partages et 1 098 commentaires a été supprimé plus tard par l‘auteur.
Ces images montrent-elles vraiment des soldats de ces trois pays arrivés à Niamey ?
Fasocheck a vérifié.
D’anciennes images sorties de leur contexte
A partir des photos publiées par Kpoclé.com, Fasocheck a effectué des recherches inversées d’images avec l’outil en ligne sur Google Lens. Toutes sont antérieures au coup d’Etat du Niger qui a eu lieu le 26 juillet 2023.
Alors que certains de ces clichés ont été publiés depuis au moins le 14 décembre 2019 par des pages Facebook guinéennes [Le Forum Républicain et Le coin des Guinéens] pour présenter les forces spéciales guinéennes en formation, d’autres ont été prises par l’agence de presse Reuters, peu après le coup d’Etat de décembre 2008 orchestré par le capitaine Moussa Dadis Camara.
La photo présentant des véhicules de combat quant à elle a été prise le 27 avril 2023 au camp Soundiata de Kati, lors d’une cérémonie de remise du matériel militaire.
Fasocheck n’a trouvé aucune source officielle qui mentionne l’envoi de forces militaires conjointes du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali dans la capitale nigérienne.
Une délégation des autorités burkinabè et malienne à Niamey
Depuis l’annonce du coup d’Etat du 26 juillet 2023 au Niger qui a renversé le président Mohamed Bazoum, une délégation burkinabè et malienne s’est rendue, le 7 août 2023 à Niamey, pour rencontrer le Général Abdourahamane Tiani, à la tête du Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie.
Le 30 juillet 2023, la Cedeao avait, en plus d’une série de sanctions, accordé un délai d’une semaine (jusqu’au 6 août 2023) aux putschistes pour rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions sous peine d’une intervention militaire.
Le lendemain, le Burkina Faso et le Mali se sont conjointement désolidarisés des sanctions annoncées par l’organisation sous régionale et ont déclaré que toute action militaire au Niger sera considérée “comme une déclaration de guerre” à leurs deux pays et que cela engendrerait leur retrait de la Cedeao.
Un nouveau sommet extraordinaire des chefs d’Etats de la Cedeao est prévu ce jeudi 10 août 2023 pour statuer sur la situation politique au Niger.
Conclusion
Le Burkina Faso, la Guinée et le Mali n’ont pas envoyé de forces militaires à Niamey contre les militaires de la Cedeao comme tente de le faire croire la page Facebook Kpoclé.com. Même si ces trois pays ont soutenu le coup d’Etat au Niger, aucune information officielle ne fait cas de l’envoi des forces conjointes.
Cet article a été écrit en collaboration avec BenbereVérif dans le cadre de SahelCheck.