Affirmation

Des images de matériel en feu présentés comme la scène d'un bombardement des forces spéciales françaises, contre un convoie de l'armée nigérienne qui tranportait des soldats français complices de djihadistes.

Auteur
Verdict
Faux, ces images n'ont rien n'avoir avec une attaque de barkhane contre l'armée nigérienne. Ces photos sont celles de dégâts causés par un incendie survenu le 15 février 2023 au marché de Tahoua.


Des images virales de matériels incendiés publiées le 17 février 2023 sur Facebook, et partagées par Patriote.bf sont présentées comme des scènes d’un « bombardement » que « les forces spéciales françaises » ont ordonné contre un convoi de militaires nigériens, en représailles au refus de l’armée nigérienne de lui livrer  des djihadistes « en complicité avec des soldats français » qu’elle aurait capturés. L’auteur ajoute qu’au cours de cette opération, « 71 soldats ont été brûlés, 26 portés disparus, 16 soldats gravement blessés et une dizaine de véhicules des forces de défense et de sécurité brûlés ».

Ces images montrent-elles vraiment un convoi militaire nigérien détruit par les forces spéciales françaises ? Fasocheck a vérifié.

D’où viennent ces images ?

L’outil de recherche inversée d’images Search By Image a permis de remonter l’antériorité des photos. Ces images publiées le 15 février 2023 par Aïr Info sont celles d’un incendie survenu ce jour même au marché de Tahoua, une ville située au nord-est de Niamey, au Niger.

Elles n’ont rien n’avoir avec une attaque armée comme avancé sur Facebook.

Campagne anti-barkhane en toile de fond

Fasocheck n’a trouvé nulle part dans les médias des articles relatant une attaque de Barkhane contre l’armée nigérienne.

Par contre, le 10 février 2023, sept jours avant l’annonce du prétendu bombardement, une patrouille de l’armée nigérienne a été attaquée par un groupe terroriste à Intagamey, à la frontière nigéro-malienne, a annoncé le gouvernement dans un communiqué.

10 militaires ont été tués, 13 autres blessés, 16 portés disparus et trois véhiculés ont été détruits dans cette attaque qui a soulevé une polémique sur la toile et qui a servi à nourrir une campagne de désinformation contre Barkhane au Niger.

Depuis le 17 février 2023 au moins, après que des scènes de violence attribuées à l’Etat Islamique ont été diffusées sur internet, des comptes Facebook (123)  ont progressivement diffusé des séries de messages pro russes ,tous identiques.

Retrait de Barkhane au Sahel

Lancée le 1er août 2014 conjointement avec les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) et comptant environ 5 500 militaires français, l’opération Barkhane a quitté  le Mali en août 2022 pour se réarticuler au Niger alors que sur les réseaux sociaux, l’hostilité anti française alimentée par la désinformation grandissait au Mali, au Burkina et au Niger. Le 09 novembre 2022 Barkhane prendra officiellement fin.

Au Burkina Faso et au Mali, une partie de l’opinion estime que Barkhane a échoué dans la lutte anti-terroriste au Sahel et appelle leurs gouvernements à remplacer Barkhane par le groupe paramilitaire russe, Wagner.

Conclusion

Les images de matériels incendiés présentées comme preuves d’une attaque des forces spéciales françaises contre l’armée nigérienne sont fausses. Ces photos sont celles de dégâts causés par un incendie survenu le 15 février 2023 au marché de Tahoua. Aucun militaire français n’a été arrêté par l’armée nigérienne et aucun convoi de l’armée nigérienne n’a été bombardé par les forces spéciales françaises.

Fact-checkeuse

Rabiatou Congo

Editeur

Ange L. Jordan Méda