Dans une note adressée à la direction des services de santé au Burkina Faso le 20 juillet 2023, la Mairie de Ouagadougou a annoncé une réduction de 70.000 FCFA sur le prix des sérums antivenimeux qui sont désormais vendus à 2000 FCFA. Cette réduction résulte d’une subvention de l’Etat burkinabè. Au-delà de l’assouplissement du coût des sérums antivenimeux, que sait-on vraiment des morsures de serpent au Burkina Faso ? Quels types de sérums dispose le pays ? Quels sont les défis liés à l’accès aux sérums antivenimeux ? Fasocheck tente d’y répondre à travers cette fiche d’information.
Une maladie tropicale négligée
L’envenimation par morsures de serpent est classée parmi les maladies tropicales négligées dans le monde.
Une maladie est qualifiée de « négligée » selon l’organisation mondiale de la santé quand elle n’est «pratiquement pas prise en compte dans l’action mondiale en faveur de la santé».
Les envenimations par morsures de serpents sont considérées par les chercheurs comme des maladies tropicales négligées principalement parce qu’elles touchent les populations rurales défavorisées et ne représentent pas une menace sanitaire majeure pour les pays riches. Cette situation entraîne un manque de développement de traitements et de stratégies préventives appropriées.
L’OMS estime à entre 81 410 et 137 880 le nombre de décès dus aux envenimations par morsures de serpents dans le monde. L’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine concentre la plupart des cas, et les agriculteurs dans les zones rurales en sont les principales victimes.
Les morsures de serpents au Burkina Faso
En 2021, le ministère de la santé a dénombré 15.748 morsures de serpent dont 65% chez les individus de 15 ans et plus.
Les trois régions les plus touchées sont le Sud-Ouest (2 672 cas), les Hauts-Bassins avec (2 641 cas) et le Centre-Sud (2 161).
Fasocheck n’a pas trouvé de données nationales sur les types de serpents impliqués dans les cas de morsures et de décès par envenimation. La raison est que l’identification des serpents après la morsure n’est pas toujours possible et documentée.
Une étude menée en 1994 par une équipe de chercheurs dans un centre de santé à Ouagadougou a révélé que sur les 70 cas de morsures de serpents observées, le serpent responsable de la morsure n’a pas été vu et n’a donc pas pu être identifié dans dans «50 % des cas». Et dans « les autres cas où le serpent a été identifié, on notait une seule couleuvre, les autres cas de morsure étant l’œuvre de vipéridés ».
Au Burkina Faso, et en Afrique de l’Ouest, les espèces de serpents les plus courantes sont de la famille des Vipéridés et des Élapidés « qui sont responsables de la presque totalité des envenimations mortelles » renseignent Youssouph Mané et Jean-François Trape dans leur guide sur les serpents d’Afrique occidentale paru en 2006.
Sérums trop chers
Très peu de pays produisent les sérums contre les venins de serpents, déplore l’OMS qui explique que le plus grand défis réside dans la préparation de l’antidote qui convient. Les composants spécifiques trouvés dans le venin varient selon les espèces de serpents, ce qui augmente les coûts de production et de distribution des sérums.
En Afrique sub-saharienne, le traitement antivenimeux complet varie entre 250 à 500 USD soit 151.714 à 303 .429 FCFA par personne avait indiqué l’Ong Médecin sans frontière dans une note d’information publiée en 2015.
Fav-Afique, l’un des sérum antivenimeux les plus polyvalents -car ciblant les venins de 10 espèces de serpents- est en rupture de stock depuis 2016. Sanofi Pasteur, le fabricant, en a stoppé la production fin 2016 pour défaut de rentabilité.
Les sérums antivenimeux disponibles au Burkina Faso sont principalement importés d’Inde, du Mexique et du Costa Rica a confié la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG) à Fasocheck.
Adnan Salif Sidibé
Jordan Méda
Editeur
Boureima Salouka